Les frais de fonctionnement et le financement des associations – Interview avec Marianne Maillot

Les frais de fonctionnement et le financement des associations – Interview avec Marianne Maillot

Le financement du fonctionnement des organisations d’intérêt général – le financement des fonctions dites transversales – la gestion de l’organisation, les ressources humaines, la direction et, éventuellement, le fundraising – est un sujet récurent de préoccupation pour les gouvernances. Dans le contexte actuel, de financements publics délétères et de pression de plus en plus forte sur les associations et les fondations pour assurer des missions autrefois dévolues à l’action publique, cette question prend une importance accrue. Nous n’avons pas une journée de formation ou un accompagnement d’une équipe associative sans que cette problématique ne soit posée.

Si certains financeurs comprennent la nécessité de financer la gestion, l’encadrement des actions, on reste encore trop souvent dans le paradoxe d’une pression toujours plus forte à l’engagement de nouveaux projets, d’une attente à l’adoption de nouvelles approches innovantes par des financeurs, publics ou privés, réticents à accepter de prendre en compte de frais de fonctionnement des organisations d’intérêt général.

Pour autant, pouvons-nous nous attendre à de saines évolutions dans ce domaine ? Nous avons voulu faire le point avec une spécialiste de l’accompagnement des stratégies de ressources des associations et des fondations, Marianne Maillot.

1- La question des frais de fonctionnement des associations revient souvent dans les articles, interviews et publications ? Pourquoi cette question fait-elle couler autant d’encre ?

A travers ce débat, on retrouve une question de première importance. Dans quelle genre de société souhaitons-nous vivre aujourd’hui et quelle type de société souhaitons-nous laisser aux générations futures au regard des grands défis que notre génération doit relever ? Actuellement, les organisations d’intérêt général travaillent dans des situations de plus en plus difficiles alors même que le nombre de leurs bénéficiaires s’accroit. Les associations et les fondations se retrouvent fragilisées alors même qu’elles contribuent largement à faire société pour une partie de la population de plus en plus importante et notamment auprès des personnes en situation de précarité.

Jusqu’à une période récente, en -dehors de certains secteurs à fort niveau d’encadrement des actions, la mentalité dominante était de diminuer le plus possibles les frais de fonctionnements. Avec des conséquences de plus en plus dommageables. Des frais de fonctionnements réduits limitent drastiquement la capacité d’innovation du monde associatif – donc sa capacité à gérer les transitions nécessaires – ainsi que la masse salariale de ces organisations avec deux conséquences : des salaires très faibles et une implication déraisonnable des salariés avec des risques élevés de burn-out.

Depuis la crise sanitaire, on assiste heureusement à une prise de conscience que les associations ne peuvent pas vivre de l’air du temps et ont besoin de financements pour garantir la qualité de leurs interventions et poursuivre leurs actions dans de bonnes conditions.

2- Existe-t’il des règles à respecter en matière de frais de fonctionnement ou est-ce finalement une question de modèle économique propre à chaque association ?

Les modèles économiques des associations sont variables d’une organisation à une autre et d’un secteur à l’autre et vont largement conditionner le montant des frais de fonctionnement nécessaire de ces organisations. La question clé est  « est ce que le montant total et réel des frais administratif peut être couvert par une ventilation sur les différents projets de l’association ou pas ? » ; si la réponse est positive …pas de problème. Si la réponse est négative, alors il est nécessaire d’interroger son modèle socio-économique.

Il est préférable de partir de la réalité propre à chaque organisation pour ventiler les frais de fonctionnement en intégrant bien l’ensemble des frais indispensables à la gestion de l’opérationnel.

Les petits dons vont plus facilement contribuer au financement du fonctionnement des organisations car ils sont majoritairement non affectés.

En dépit de la prise de conscience que nous avons mentionnée, les entreprises et les fondations – tout comme les administrations en ce qui concerne les fonds publics – rencontrent encore des difficultés à accepter d’intégrer des frais de fonctionnements aux financements octroyés aux associations et aux fondations.

Heureusement, les grands philanthropes ont une conscience plus nette des enjeux représentés par le financement de la gestion des organisations et la qualité du suivi des actions.

A cet égard, on parle de la « philanthropie de la confiance ». Les grands philanthropes octroient des dons évidemment d’un montant significatif aux associations et aux fondations en ayant confiance dans la bonne utilisation de ces fonds.

3- Au vu de l’évolution des finances publiques et des choix politiques d’une partie de nos élus, comment les associations et les fondations vont-elles pouvoir financer leurs projets et leur fonctionnement à l’avenir ? Les mécènes seront-ils d’accord pour assurer le fonctionnement des organisations d’intérêt général ? Quelles pourraient être les autres solutions ?

Clairement, le mécénat n’a jamais eu la vocation et ne pourra pas suppléer au désengagement de l’État et des collectivités territoriales.

Pour réussir à répondre aux enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux grandissants, il est plus qu’urgent que les dirigeants des organisations de l’ESS, prennent conscience de cette situation et engagent une évolution de leurs modèles socio-économiques. C’est une question de survie pour les organisations d’intérêt général.

Elles doivent recomposer un nouveau modèle économique fondé à la fois sur des mutualisations, coopérations et collaborations, que sur des financements hybrides, subventions (quand ce sera encore possible), partenariats divers, ventes de produits et services, et, bien sûr, mécénat.

4- En guise de conclusion, quels conseils donneriez-vous aux associations et aux fondations qui recherchent des financements pour leurs salariés et leur fonctionnement interne ?

Trois dimensions clés sont à mettre en avant auprès des mécènes :

1- L’importance de la qualité des actions engagées qui nécessite un encadrement de bon niveau ce qui se traduit nécessairement par des dépenses de personnel ;

2- Le risque de travailler en mode dégradé en sous-payant le personnel de nos organisations et en ne leur offrant pas les meilleurs outils et des conditions de travail de qualité;

3- La nécessité de s’adapter en permanence à l’évolution du contexte général et des besoins des bénéficiaires en développant de nouvelles approches donc par le financement d’une fonction d’ingénierie au sein des associations et des fondations.

Par ailleurs, il est temps que les responsables et les conseils d’administrations des entreprises mécènes – tout comme les administrations publiques – assument que les organisations d’intérêt général fonctionnent comme n’importe quelle entreprise et qu’elles ont besoin elles aussi d’une infrastructure de gestion et d’un personnel de qualité.

Soyons vigilants quant aux conséquences d’un affaiblissement du tissu associatif dans notre pays qui aboutirait à une dégradation du lien social et un impact négatif dans bien d’autres domaines essentiels à la société comme la santé, l’éducation, le handicap, l’accompagnement des personnes les plus vulnérables…

Il nous reste beaucoup de travail d’acculturation à réaliser en matière de mécénat et de modèle socio-économique des organisations d’intérêt général auprès des équipes salariées et des bénévoles. Bien payer les salariés des associations et des fondations, c’est aussi recruter et conserver un personnel motivé et qualifié.

Il faut investir pour préparer l’avenir et innover !

Un grand merci à Marianne Maillot pour avoir accepté de participer à cet entretien.

Marianne Maillot est consultante en mécénat depuis 2005. Elle est très engagée auprès de l’Association Française des Fundraisers (AFF). Elle a initié la création des groupes régionaux de l’AFF et est membre de la Fundraising Academy de l’AFF.

Marianne conseille et accompagne les organisations d’intérêt général dans leur démarche de mécénat et de stratégies grands donateurs. Vous pouvez la contacter via sa page Linkedin 

Pour aller, plus loin, prenez contact avec notre équipe. Nous pourrons envisager ensemble un plan d’actions adapté à la situation et aux objectifs de votre organisation.

olivier@ovfundraising.eu

06 82 17 98 18

De plus en plus de concurrence entre les causes, différenciez-vous et boostez vos campagnes de collectes par le Fundraising de pair à pair. Nos conseils opérationnels pour bien débuter.

De plus en plus de concurrence entre les causes, différenciez-vous et boostez vos campagnes de collectes par le Fundraising de pair à pair. Nos conseils opérationnels pour bien débuter.

Cela fait un certain temps déjà que je réfléchissais à cet article. Avec Valentine, nous avons l’objectif d’alimenter ce blog par des articles de découverte du fundraising et du mécénat mais également d’aller un cran au-delà avec des articles d’exploration de nouvelles techniques pour « booster » vos collectes de fonds. Le développement du fundraising de pair à pair est précisément dans cette dernière catégorie.

Nous vivons une période de méfiance de plus en plus diffuse envers les institutions. En parallèle, on assiste à un développement généralisé d’un système de recommandation entre pairs dans le domaine de la consommation (cf. les avis google, sur les plateformes d’achat en ligne…). La recommandation de pair à pair est passée en quelques années du statut de gadget marketing à une évolution sociétale quasi-généralisée.

Comment s’inspirer de ces méthodes et les appliquer au fundraising afin de trouver de nouveaux donateurs ? Cet article est une première tentative de vous apporter les clés pour booster vos campagnes avec le fundraising de pair à pair et sera structuré selon trois axes :

1- Mobiliser vos supporters pour développer le fundraising de pair à pair 

2- Identifiez les évènements et les campagnes propices au développement du fundraising de pair à pair

3- Le fundraising de pair à pair : comment s’organiser pour être efficace ?

1- Mobiliser vos supporters pour développer le fundraising de pair à pair et trouve de nouveaux donateurs

Agence Fundraising Paris Lyon Nantes

Le fundraising de pair à pair ne constitue pas une nouvelle technique de collecte de fonds proprement dite mais plutôt un nouveau canal de mobilisation des donateurs. Un canal de mobilisation de plus en plus efficace pour peu qu’il soit bien organisé. 

De quoi s’agit-il ? 

On peut définir la collecte de pair à pair comme une recherche de mobilisation de nouveaux donateurs – particuliers ou entreprises – par le canal de vos supporters, sympathisants et donateurs. Le principe est de recruter des ambassadeurs qui vont mobiliser leurs communautés pour mobiliser des dons directement ou vous ouvrir des portes vers de nouveaux mécènes entreprises ou fondations. 

Depuis longtemps, l’objectif de toute stratégie fundraising un tantinet efficace a été de développer la sympathie envers la cause défendue et la fidélisation des donateurs. 

Alors qu’est -ce qui change ? 

Dans un contexte de diminution des financements publics et de réduction progressive du champ de l’action publique, certaines grandes institutions caritatives occupent – par nécessité – un rôle de plus en plus institutionnel. Parce que des acteurs du monde associatif doivent intervenir quand les instituons publiques ne sont plus en mesure de le faire.

Pour autant, ce positionnement institutionnel m’apparait en décalage avec les fondamentaux du monde associatif. En particulier, l’innovation, l’adaptation continuelle aux besoins des bénéficiaires, l’intervention dans des secteurs peu ou pas populaire – le handicap psychique, les sortants de prison…

Le Fundraising est toujours une affaire de personnes

Quand on évoque le fundraising de pair à pair, il s’agit avant tout d’un mode de mobilisation interpersonnel centré sur les réseaux personnels et professionnels. Et, quel que soit la cible de votre collecte, le fundraising est intrinsèquement une question de mobilisation interpersonnelles. 

Quand on engage des actions de collecte, on s’adresse à des personnes et on cherche à les convaincre de l’importance et de l’urgence de la cause défendue ainsi que de la pertinence et de l’impact des projets pour lesquels on recherche des financements. Et c’est vrai, bien entendu, pour les appels aux dons à destination du grand public tout comme la recherche de mécénat auprès des entreprises et des fondations.

3 objectifs pour le développement du Fundraising de pair à pair

1- Elargir son audience en accroissant le nombre de personnes qui entendent parler de votre organisation, le nombre de sympathisants et… le nombre de donateurs.

2- Augmenter le niveau d’engagement de vos supporters les plus fervents, les plus proches de votre cause en leur ouvrant la possibilité de jouer un rôle plus actif au service de la mission de votre organisation. 

Rappelez-vous que plus vous impliquez vos donateurs et vos sympathisants dans la mise en oeuvre de vos projets, plus ils seront enthousiastes pour s’engager à vos côtés dans la phase de réalisation et de recherche de fonds.

3- Promouvoir l’image et la réputation de votre organisation. Le fundraising de pair à pair est un très bel outil de promotion de votre marque. Etre recommandé par des personnes qui ressemblent à vos donateurs est plus valorisant et percutant que votre propre communication. 

2- Identifier les évènements et les campagnes propices au développement du fundraising de pair à pair

Mobiliser vos donateurs pour les transformer en ambassadeurs actifs de votre organisation n’est pas une activité au long cours mais plutôt une affaire d’intensité.

Pour convaincre vos donateurs et vos sympathisants de s’associer à vos actions de collectes et de mobiliser leurs propres réseaux, il faut leur proposer de s’associer à des actions concrètes et motivantes : les évènements et les collecte de fonds associés à des projets stratégiques pour l’avancement de la cause défendue par votre organisation.

La première étape est donc d’établir un recensement des évènements et actions de collecte prévu dans les prochains mois. Plus ils apparaitront liés au coeur de la stratégie de votre organisation, plus ils auront du sens pour vos donateurs, bénévoles et supporters et plus ils seront susceptibles de s’engager à vos côtés.

On peut citer par exemples :

  • Participation au Giving Tuesday; 
  • Soirée de gala destinée à mobiliser des grands donateurs autour de projets stratégiques de l’association;
  • Campagnes d’appels aux dons pour un projet dédié;
  • Campagne de fin d’année.

Quand vous aurez déterminé les occasions propices au fundraising de pair à pair, vous pourrez réunir les moyens nécessaires. Pas le plus facile dans les organisations d’intérêt général, identifier et mobiliser des moyens pour mener à bien un projet. Mais évidemment nécessaire… Dans la situation qui nous intéresse, il s’agira surtout de mobiliser un responsable de l’animation des ambassadeurs et des moyens de communication.

3- Modalités d’organisation du fundraising de pair à pair

Comment réactiver vos anciens donateurs ?
Transformer vos donateurs et supporters en ambassadeurs de votre Cause


Un préalable un peu évident mais utile à rappeler est de disposer de fichiers bien renseignés à propos de vos donateurs, des bénévoles et des sympathisants de votre organisation. 

Quand vous avez déterminé les évènements et les campagnes pour lesquels vous allez engager cette stratégie de fundraising de pair à pair, c’est le moment de définir :

  • Le message qui sera au coeur de la campagne;
  • Les objectifs à atteindre par vos ambassadeurs.

Vos ambassadeurs ont besoin d’un cadrage méthodologique pour comprendre leur rôle, d’un responsable clairement désigné au sein de votre organisation et d’objectifs précis.

Le plus simple est de leur fournir un pack « ambassadeur » comprenant :

  • Un rappel de la CAUSE défendue, de l’importance des actions engagées afin qu’ils puissent rattacher l’action engagée dans un ensemble plus vaste et qui a du sens;
  • Une présentation claire de ce qu’on attend des ambassadeurs – communiquer auprès de leurs réseaux, valoriser leur soutien à votre cause et à votre organisation et exprimer un « call to action » clair (adhérer, soutenir, financer…);
  • Un mini-argumentaire et des visuels pour que les ambassadeurs puissent facilement adapter pour créer leurs propres messages et les diffuser à leur réseau.

Privilégiez des messages très émotionnels afin de toucher les ambassadeurs et les membres de leur réseau.

Et n’oubliez pas le reporting (la remontée d’information) et surtout… de remercier vos ambassadeurs et valoriser le travail réalisé.

Pour aller, plus loin, prenez contact avec notre équipe. Nous pourrons envisager ensemble un plan d’actions adapté à la situation et aux objectifs de votre organisation.

olivier@ovfundraising.eu

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