« J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteurs de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais. »
Extrait du poème « La bateau ivre » d’Arthur Rimbaud.
Ainsi commence la seconde strophe de ce célèbre poème d’Arthur Rimbaud. Un long et étonnant poème appris naguère sur les bancs du collège dont j’avais apprécié la musique des mots ainsi que les images psychédéliques suggérées par l’auteur longtemps avant de m’interroger sur le concept de gouvernance des associations et des fondations.
Et pourtant, un bateau ivre qui vogue sur les fleuves impassibles ne dessine-t’il pas une image saisissante de la gouvernance associative ?
Vous vous demandez peut-être pourquoi nous abordons la question de la gouvernance dans un blog dédié aux stratégies de développement des organisations d’intérêt général et au fundraising ?
Excellente question. En un mot, parce que la (bonne) gouvernance est une question clé de la réussite de toute stratégie de développement.
- Parce que la gouvernance – tel le capitaine d’un navire – doit être en mesure de désigner un cap, la route à suivre … et à s’y tenir dans le temps.
- Parce que c’est le rôle et la responsabilité de la gouvernance d’impulser les nouvelles actions et de convaincre les parties prenantes internes (salariés, bénévoles) et externes (fournisseurs, partenaires,…) de la justesse de ses décisions et de la légitimité de son action.
- Enfin – et cela doit devenir la priorité pour les organisations qui veulent engager des actions de collecte de fonds et de recherche de mécènes – les membres de la gouvernance doivent être également choisis (et cela peut clairement devenir un critère essentiel) en fonction de l’importance de leur réseau relationnel et de leur capacité à ouvrir ce réseau avec leur recommandation pour favoriser la recherche de nouveaux partenaires et mécènes.
Nous avons évoqué le sujet de la gouvernance à plusieurs reprises Nous souhaitons revenir sur cette question pour deux raisons :
1- L’organisation, la composition de la gouvernance et son fonctionnement sont très souvent des questions problématiques lors de nos accompagnements d’associations et de fondations.
2- La question de la gouvernance est un point clé de toute stratégie de ressources. Cette question va prendre de plus en plus d’importance dans un contexte global de développement de la concurrence entre causes pour la recherche de financements et l’accès aux mécènes.
1- Une gouvernance efficace pour Impulser une stratégie cohérente et persistante dans le temps
Le premier rôle de la gouvernance est de définir clairement les « fondamentaux associatifs ». Un peu jargonneux, j’en conviens mais révélateur sur l’intention : définir les fondamentaux de l’identité et des actions engagées par l’association ou la fondation.
C’est un gage d’efficacité tant dans l’action que pour la mobilisation en interne – salaries et bénévoles – et en externe – financeurs publics et mécènes notamment.
Définir les fondamentaux de l’action de votre organisation
La première mission de la gouvernance est donc de s’accorder sur les fondamentaux identitaires :
- Quelle est la vision portée par l’association ou la fondation ?
- Quelle est sa ou ses missions ?
- Quelles sont ses valeurs ?
- Quelle est l’ambition concrète (en termes d’objectifs chiffrés par exemple) de l’organisation à échéance de 5 ou 10 ans ?
Définir une stratégie en cohérence avec les fondamentaux
La stratégie, c’est l’expression opérationnelle de l’ambition. La feuille de route que l’organisation prévoit de suivre pour atteindre ses objectifs et son ambition. La stratégie se décline en projets clairement définis, c’est-à-dire : description des actions prévues, des bénéficiaires ciblés, de l’impact attendu, du calendrier et du budget prévisionnel.
Le rôle de la gouvernance est de suivre la mise en oeuvre de la stratégie et de décider quand la faire évoluer en fonction des besoins des bénéficiaires et/ou des évènements et des contraintes externes.
2- Une gouvernance présente pour expliquer et convaincre les parties prenantes de l’organisation
Il ne suffit pas décréter une stratégie, un changement de cap, l’engagement de nouvelle actions pour que ces décisions soient efficacement mises en oeuvre par les équipes.
Dans le monde associatif, je ne crois pas connaître d’adage plus erroné que « l’intendance suivra ». Plus encore que dans le monde de l’entreprise ou du secteur public, les équipes de salariés et de bénévoles des organisations d’intérêt général ont besoin de sens, de messages forts et d’une gouvernance incarnée et présente qui s’engage pour expliquer et soutenir les nouvelles décisions – relatives à la recherche de mécènes par exemple – et les inflexions stratégiques.
Cette présence ne doit pas se limiter aux salariés et aux bénévoles mais également aux parties prenantes externes de l’organisation et, en particulier, les financeurs et les mécènes.
J’ai malheureusement souvent assisté à des situations de mal-être dans les organisations. Notamment du fait de l’importance du travail à accomplir, des enjeux et … du manque d’implication de la gouvernance auprès des équipes.
Le rôle de la gouvernance – en particulier des membres du Conseil d’Administration – est également de soutenir la direction et de rassurer les salariés quant à l’importance des actions engagées, leur signification et leur impact. Il doit être également de rappeler les limites pour que salariés et bénévoles ne s’impliquent pas au-delà du raisonnable.
Mention spéciale à propos de la gestion des bénévoles.
C’est trop souvent le parent pauvre de la gestion des ressources humaines dans le monde associatif alors que c’est un des éléments de sa spécificité et de sa richesse. La gouvernance doit également s’assurer de l’organisation de l’animation du réseau des bénévoles de leur organisation.
3- Une gouvernance impliquée qui ouvre son réseau relationnel et favorise l’accès aux mécènes
Depuis plusieurs années, je lis régulièrement des articles de spécialistes américains ou britanniques du monde associatif qui soulignaient l’importance du rôle des membres de la gouvernance en matière d’ouverture d’un réseau relationnel influent à leur organisation. Ma pratique d’accompagnement d’associations et de fondations m’a convaincu du décalage entre la situation française et la situation dans les pays anglo-saxons.
Et pourtant… c’est vraiment le moment de changer. Et si vous ne retenez qu’une seule idée de cet article, je vous suggère vivement de lire attentivement cette troisième partie.
Les deux premières missions sont importantes. Sans le leadership affirmé d’un conseil d’administration cohérent, l’organisation patine voire s’embourbe. C’est malheureusement trop souvent le cas.
Aujourd’hui, cette troisième mission devient fondamentale. Devant la raréfaction des financements publics, le conseil économique social et environnemental (CESE) estimait que 70% des organisations d’intérêt général allaient se tourner vers le mécénat (cf. https://www.francegenerosites.org/publication-de-lavis-du-cese-renforcer-le-financement-des-associations-une-urgence-democratique/). Nous le voyons dès à présent, de plus en plus d’associations et de fondations se tournent vers le mécénat.
Dans ce contexte de concurrence accrue entre Causes dans la recherche de mécènes, il est fondamental de bénéficier de sésames, d’ouverture vers les entreprises mécènes et les grands donateurs. Dans les années à venir, nous sommes persuadés que la recommandation de pair à pair prendra de plus en plus d’importance.
Nous vous recommandons donc – dès maintenant – de revoir la composition de vos conseils d’administration en donnant la priorité à des administrateurs qui disposent d’un réseau relationnel important auprès des entreprises de votre territoire et/ ou des grands donateurs et qui sont disposés à l’ouvrir à votre organisation.
Il conviendra également de les former à la logique du mécénat et de leur fournir des outils adéquats comme des présentations de la cause défendue par votre organisation et des argumentaires clés en main pour promouvoir les projets stratégiques.
En conclusion…je voudrais souligner que l’implication de la gouvernance participe au renforcement de l’action des organisations et à sa différenciation pour mobiliser de nouveaux mécènes et partenaires. C’est une évolution importante des modes de gouvernance et de la culture de beaucoup d’organisations à laquelle il est indispensable de se préparer.
Pour aller, plus loin, prenez contact avec notre équipe. Nous pourrons envisager ensemble un plan d’actions adapté à la situation et aux objectifs de votre organisation.
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